Introduction :
Le British Shorthair, le Longhair et le Scottish font partie de ces races dont les mariages doivent être contrôlés à cause des incompatibilités de groupes sanguins.
Environ 30 % à 50 % des BSH sont de groupe B : ex : 30% en Autriche, 53 % en Angleterre.
o Il vaut mieux connaître le groupe sanguin auquel appartient le chat, car cela peut avoir de graves conséquences sur les chatons.
o Il apparaît évident aussi de le connaître en vue d’une éventuelle transfusion sanguine.
Groupes sanguins existants :
Un seul système de groupe sanguin est actuellement connu chez le chat : le système AB.
Ce système s’exprime à travers trois groupes (ou phénotypes) :
– le groupe A (on rencontre plus de 87% de chats de groupe A chez le chat « tout-venant » de type Européen),
– le groupe B
– et un groupe rare AB (0,5% des chats, groupe mal connu).
Le système AB est un système simple di-allélique, (avec un allèle a dominant sur l’allèle b), fonctionnant selon les théories mendéliennes, à l’exception du groupe AB dont ne connaît pas le mode précis de transmission. (Ne pas confondre le système AB avec le groupe AB)
Phénotype Génotype
A : aa, homozygote
ab (ne pas confondre avec le groupe AB), hétérozygote, l’allèle a étant dominant sur l’allèle b
B : bb : homozygote (allèle b récessif)
– Le croisement de deux chats de groupe B ne donnera que des chatons de groupe B. (génotype bb)
– Le croisement de deux chats de groupe A et de génotype aa ne donnera que des chatons de groupe A.
– Le croisement d’un chat de groupe A de génotype aa et d’un chat de groupe A mais de génotype ab ne donnera également que des chatons de groupe A (mais de génotype aa ou ab).
– Le croisement de deux chats de groupe A mais de génotype ab donnera des chatons de groupe A (génotype aaou ab), et selon une probabilité de 1/4 des chatons de groupe B (bb).
– Le croisement d’un chat de groupe A (génotype aa) et d’un chat de groupe B ne donnera que des chatons A (de génotype ab).
– Le croisement d’un chat de groupe A (génotype ab) et d’un chat de groupe B donnera 50% de chatons A(génotype ab) et 50% de chatons B. (bb)
Remarque : il semblerait que chez les British de couleur silver, on ait observé une écrasante majorité de groupe A (non vérifié, ni expliqué scientifiquement à ce jour).
Le groupage sanguin ne permet pas de connaître le génotype (les allèles) mais détermine simplement le phénotype ou groupe sous l’appellation connue : A, B, AB.
Néanmoins, faire grouper les nouveaux chats reproducteurs est très important. En effet, il arrive que, même en sachant que les parents sont tous les deux A, on puisse croire, à tort, que les chatons seront A. Mais si les parents portent tous les deux l’allèle b (hétérozygote ab), certains chatons peuvent être du groupe B (voir plus haut, faire le carré de Punnett, comme en génétique)
La seule manière de connaître le génotype du chat de groupe A est de le marier avec un chat de groupe B ; ainsi s’il naît des chatons de groupe B, c’est que le chat A est hétérozygote (Ab).
MHN : maladie hémolytique néoatale (ou isoérythrolyse néonatale)
Cette maladie se déclenche à la suite d’une incompatibilité sanguine qui se produit lors d’un mariage femelle B, et mâle A.
– En effet, à l’état naturel, pratiquement 93% de chats de groupe B possèdent des anticorps circulants anti-A à titre élevé et à forte réactivité immunologique.
Les anticorps de la mère de groupe B, qui passent dans le sang du chaton lors de l’ingestion du colostrum, vont détruire les globules rouges de ce chaton s’il est du groupe A puisqu’ils possèdent une valence anti-A.
– Inversement, environ un peu plus d’un tiers des chats de groupe A possèdent des anticorps naturels anti-B avec des titres et une réactivité immunologique relativement faibles.
Les anticorps de la mère de groupe A ne gêneront pas le développement du chaton de groupe B.
Evolution et tableau clinique de la maladie :
Plusieurs cas de figure peuvent se présenter (dans la même portée) qui dépendent de l’état immunitaire de la mère (quantité et qualité des anticorps) et de la quantité de colostrum ingérée :
mort brutale dans les premiers jours ; ictère ; asthénie, difficultés à téter ; pâleur intense des muqueuses ; retard de croissance, perte de poids, anorexie passagère ; anémie ; nécrose de la queue ou des pointes des oreilles, (chez les chatons survivant 2 semaines après la naissance).
PREVENTION :
Pour éviter ces problèmes, il est conseillé de suivre les indications ci-après:
Faire le groupage sanguin de chaque chat :
– une femelle du groupe B ne pourra s’accoupler qu’avec un mâle de groupe B également ;
– une femelle de groupe A pourra s’accoupler indifféremment avec un mâle de groupe A ou B ou AB ;
– un mâle de groupe A ne pourra s’accoupler qu’avec une femelle de groupe A ;
– un mâle de groupe B pourra s’accoupler indifféremment avec une femelle de groupe A ou B.
– une femelle de groupe AB pourra s’accoupler sans problème avec l’un ou l’autre groupe.»
Nota :
Si, par choix ou inadvertance, deux British de groupes incompatibles s’étaient accouplés, il faudra immédiatement à la naissance, séparer les chatons de leur mère, et ce, durant une période de 24 heures (le chaton ne doit impérativement pas boire le colostrum qui contient ces anticorps.)
En effet, la très grande majorité des immunoglobulines (et donc les allo-anticorps anti-A) d’origine maternelle est transmise au nouveau-né dans les 24 premières heures de vie, via le colostrum !
Il faut alors faire allaiter les chatons par une autre femelle, puis les remettre à leur mère au bout des 24 heures. Ce qui implique qu’une autre femelle allaitante, de groupe A, venant de mettre bas (pour que les nouveaux-nés reçoivent du colostrum) soit disponible !
L’allaitement artificiel est une autre solution, mais nourrir les chatons au biberon, surtout si la portée est nombreuse, relève d’un courageux défi !
Par ailleurs, ces chatons seront fragilisés car, en empêchant la prise de colostrum, l’absorption des anticorps utiles à la protection anti-infectieuse sera très limitée.
C’est pourquoi, en plus du lait maternisé, il peut être recommandé d’effectuer une séroprévention (injection de sérum de chats de groupe A du même élevage et en parfaite santé), ou de faire boire au chaton du colostrum de chatte A préalablement récolté et congelé.
Il existe également un test qui se pratique sur le cordon ombilical et permet de laisser à leur mère les chatons de groupe B, si il y en a. (mais cette technique semble encore hasardeuse et difficile à mettre en oeuvre)
Ces solutions ne sont pas vraiment l’idéal, ni pour la chatte, ni pour les chatons, ni même pour l’éleveur (se) !
Conclusion :
Afin d’éviter la perte de chatons, ou le risque de maladies liées aux incompatibilités sanguines, il est de notre responsabilité d’être au mieux informés sur les problèmes que les groupes sanguins peuvent poser.
La race que nous élevons étant une race à risques majeurs, il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement de ces groupes et d’agir en conséquence.
Martine Reynaud ET Céline Allard
Aristée Bristish Shorthair Les Grenadines de Céla